Réseau des bibliothèques d'Est Ensemble

La violence en réserve

2019 : la France restitue au Sénégal le sabre d’El Hadj Oumar Tall, fondateur de l'Empire toucouleur.

Taina Tervonen décide alors d’explorer les angles morts de cette cérémonie officielle en suivant les traces tortueuses du « trésor de Ségou » (composé de pièces, bijoux, tissus, armes, livres – et des enfants des vaincus ramenés en otage !) dans les réserves des musées, les fonds d’archives et les correspondances privées.

Une enquête mettant à nue les ressorts d’une pensée coloniale toujours à l’œuvre, créant un régime d’exception pour tout ce qui relève du patrimoine historique et culturel des ex-colonisé·e·s.

Ce travail de « déclassification » des archives coloniales – comme on le dit des documents secrets-défenses – Olivier Marboeuf l’effectue dans sa propre mémoire et dans celle de sa famille, issue de la diaspora antillaise en banlieue, et légataire d’une « archive nationale de la violence ».

Partant des débats houleux ayant agité les institutions culturelles à l’occasion d’Africa2020, celui-ci démontre comment, derrière un décolonialisme de façade, les mondes de l’art et de culture sont encore l’expression d’une domination structurelle.

À noter : La rencontre sera précédée d’une balade dans Bagnolet sur les traces de son passé colonial avec Olivier Marboeuf, à 17h au départ de la médiathèque

Bio(s)

Taina Tervonen, franco-finlandaise, a grandi au Sénégal jusqu’à l’âge de ses 15 ans et parle le wolof. Ayant appris enfant l’histoire sénégalaise, elle est surprise à son arrivée en France par le récit colonial français. Écrivant pour des revues telles que Les Jours ou XXI, Les Otages est son deuxième ouvrage publié chez Marchialy après Les Fossoyeuses (2021).

Olivier Marboeuf est auteur, poète, performeur, commissaire d'exposition indépendant et producteur de films. Fondateur avec Yvan Alagbé des éditions Amok (aujourd'hui Frémok), il a été de 2004 à 2018, directeur artistique de l'Espace Khiasma, centre d'art visuel et de littérature vivantes aux Lilas.

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